L’autre, celui dont on ne prononce plus le nom. Celle dont on tait le prénom qui hier encore, nous faisait chavirer. En allonger chaque syllabe générait un ballet buccal d’une grande sensualité. La langue, danseuse de flamenco, claquait sur le palais, venait glisser sur les incisives, collé-serré dans une rumba endiablée. Les S sifflaient gaiement, les R ouvraient un long couloir mystérieux recouvert de crépis.
L’amour, c’est une cape d’invincibilité
Quand il donne des ailes, tout est fantastique, merveilleux. Plus beau. L’énergie change. On est bousculé, comme on se bouscule soi-même pour plaire, pour séduire, pour ménager l’autre et entretenir la flamme. Replanter l’Amazonie, et dépolluer les Océans paraissent à nouveau possible. Tout ce qui semblait difficile se trouve désormais à moins d’une longueur de bras.
L’amour : une Kryptonite verte.
Quand l’amour s’en va, le temps est étourdi. On patauge dans des mares de dégoût, de lassitude. Dans le meilleur des cas, on aime bien l’autre. On ne l’ai-me plus. On ne l’aime plus comme avant. L’état passionnel / amoureux a cédé sa place à une tendresse. Elle est là, elle existe, mais elle n’est rien comparé au feu dans la poitrine, aux frissons sur les membres inférieurs, aux odeurs sucrées. Lorsqu’il se meurt, l’amour laisse un goût amer, que l’on quitte ou que l’on soit quitté par l’autre. Les torts partagés ne sont pas toujours assumés. Les trahisons ne génèrent aucune remise en question.
C’était un connard / Me parle pas de cette salope.
Je n’ai jamais compris que l’on pouvait renier à ce point quelqu’un. Une personne que l’on a aimée, choyée, que l’on a appelé « Ma chérie », « Mon Amour » peut subir la plus violente des rétrogadations après une rupture. Ce n’est plus qu’un connard, une pute, un pauv’ mec, une michto. Je n’arrive pas à accepter que l’on salisse l’autre à ce point, qu’importe ce qu’il a pu dire ou faire.
Schyzophrènes, êtes-vous ?
Vous a-t-on forcé la main ? Etiez-vous obligé de construire/vivre une relation avec cette personne ? Ou étiez-vous en toute possession de vos moyens, capable de faire des choix, de prendre des décisions ? Avez-vous choisi d’être mal accompagné plutôt que d’être seul ? Pourquoi vous évertuez-vous à ne retenir que les mauvais côtés ? Doit-on considérer que vous fussiez assez bête pour rester avec quelqu’un d’aussi atroce que la personne que vous décrivez ?
Renier l’autre, c’est se renier soi-même.
Insulter un ancien partenaire, ne le définir plus que par ses zones d’ombre, c’est moquer son propre jugement. C’est affirmer que l’on a aucune capacité à sentir les gens, que l’on a menti, que l’on s’est menti, en choisissant quelqu’un d’inadapté. Je ne peux pas imaginer qu’on n’apprenne rien d’une relation. Je ne peux pas croire qu’il y ait uniquement du mauvais chez quelqu’un. Quand on a choisi quelqu’un, on l’a pris tout entier (le noir, le blanc, les aspérités). De toutes les mauvaises expériences amoureuses, je pense qu’on ne devrait jamais oublier le positif : ce qui fût beau, ce que l’on est satisfait d’avoir appris, ce qui nous a blessé et qui a contribué à notre évolution.
Respectez-vous en respectant l’autre.
Respectez-vous en respectant l’autre, même s’il a commis des erreurs, des petites, des grosses, même s’il en a peut-être fait beaucoup. Vous avez choisi cette personne. Qui est le coupable ? Celui que vous a fait du mal ? Ou vous pour avoir choisi quelqu’un potentiellement capable de faire du mal ? Pas d’histoire d’oeuf ou de poule.
Une question de rythmes
Vous empruntez un chemin à deux. Vous choisissez de l’arpenter ensemble. Un bout de sentier, parfois trop étroit. Vos allures ne sont pas toujours les mêmes. Vous ne trouvez pas systématiquement la bonne cadence pour marcher à deux. Il arrive qu’avancer côte à côte soit possible, que vous puissiez même vous tenir la main. Et puis parfois, la présence de l’autre sur vos pas est insupportable. Ou bien c’est la vôtre qui est un calvaire? Son souffle chaud, ses manies, ses habitudes vous incommodent. C’est ainsi. C’est alors le moment de prendre de la distance, de se séparer, de choisir une autre route. Dites-vous merci, ne cultivez pas la rancoeur. On ne marche pas à l’envers. On ne recule pas lorsqu’une relation se termine mal. On va toujours quelque part.
La régression est un leurre. On progresse toujours.
Respectez vos anciennes amours, celles qui vous ont accompagné pour un temps donné. Remerciez-les pour leurs mots durs, pour ceux qui furent doux. Gardez en mémoire que sans cette personne, vous ne seriez pas celle que vous êtes. Ne croyez pas que respecter quelqu’un vous ayant heurté, c’est lui céder du terrain, lui permettre de laisser une empreinte indélébile sur vous. C’est au contraire la neutralité, la non-violence, le refus de basculer dans un dénigrement total de l’autre qui vous replace au centre.
Privilégier l’amour au-delà de l’orgueil et de la possessivité.
Les personnes qui ont vraiment compté pour moi, celles que j’ai choisies, il m’est impossible de les réduire à de basses insultes. Je les ai aimées, et même si l’amour n’est plus, je suis fière d’elles. Eternellement.
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Tout est dit, merci pour ces mots qui me parlent plus que jamais…
Bisous Ornella
Merci à toi d’y être si réceptif !
J’aime ce que tu écris.
Je n’ai jamais aimé non plus cette avalanche de vulgarité et de haine, une fois qu’une histoire est terminée. Il y a eu du beau à un moment donné. Même un moment fugace. Au moins un peu. Et une histoire nous apporte toujours quelque chose c’est certain. Il faut parfois du temps pour s’en rendre compte.
C’est ça, le plus souvent, ce n’est qu’à posteriori qu’on a le courage de se rendre compte des choses.
Pour le coup j’avoue que je suis partagée… Même si bien sûr je suis d’accord avec ce que tu dis (j’ai pris la peine de tout lire) et que ne retenir que le positif et pardonner c’est avancer, il y a quand même des histoires qui laissent plus de traces que d’autres. Si l’ancien partenaire a battu, bafoué, violé, causé des traumatismes, réveillé une haine ou des peurs à un moment donné, c’est dur de ne retrnir que les meilleurs moments. D’instinct on retient ce qu’il y a de plus marquant, ce qui caractérise cette histoire. Et un type qui a violé, par exemple, j’ai du mal à le respecter et à respecter l’histoire qu’on a vécue malgré ses moments positifs. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas avancé, loin de là. Simplement, je le vomis du plus profond de mon être et j’espère ne jamais revivre une histoire similaire avec un type présentant le même profil.
Tellement d’accord avec toi <3 Je ressens pareil
Je suis tout à fait d’accord. Un jour on arrive à ne retenir que le “meilleur” de l’histoire, c’est à dire ce que l’on a appris, de la force qu’on a tiré de pareille épreuve. Les blessures cicatrisent. Doucement.
Je n’ai pour ma part aucune tendresse pour mon ex. Je ne souhaite pas le revoir. Il est sorti de ma vie et qu’il y reste, hors de mon monde surtout.
Il fallait bien que quelqu’un me parle de ces exceptions là ! ^^ C’était sûr.
Mais qu’importe, même les plus grands traumatismes ne sont pas prétexte à la haine. Si c’est difficile quand on a la tête dans le guidon d’imaginer possible le fait de pardonner, c’est pourtant la seule issue possible, la seule porte d’entrée donnant sur le bonheur.
je suis d’accord, d’accord d’accord…. je pourrai écrire tout pareil ! merci de temps de similitude !
Nos âmes s’envoient des signaux d’amour ! ^^
Cet article me parle et me remue…
Tu sais, j’ai été d’accord avec toi. Sur le fond, je le suis toujours. Je pense qu’il faudrait respecter ses anciennes histoires d’amour, ses sentiments, ce qui a été construit et vécu.
Mais…
Que faire quand tu découvres qu’un monde parallèle à votre relation existait pendant des années ? Que tu as été salie, trahie, trompée, humiliée, méprisée ? Que tout ce que en quoi tu as cru n’était que mensonge ? Que l’autre a fait et dit des choses indicibles ? Que la simple pensée de cette relation te donne envie de vomir et que tu préférerais n’avoir jamais rencontré cette personne ?
Parfois, il se passe des choses qui salissent même les plus beaux souvenirs. Et on ne peut pas en parler de façon positive. Alors je n’en parle pas. Mais si on me pose la question quand même, je réponds de façon sincère : je pense que ce type est malfaisant et je ne veux plus jamais entendre parler de lui. Parce que je n’ai pas envie d’étouffer la vérité brûlante…
Si tu brûles encore de colère et de déception envers quelqu’un qui t’a trahie, c’est que ton deuil n’est pas terminé. Et je le comprends. Cultiver la haine est un moyen de se protéger, de tenir son ennemi à distance. Aimer à nouveau ou devrais-je dire “cesser de détester”, c’est donner l’opportunité d’être approchée par son ennemi, et c’est une chance d’être abîmée encore. Pourtant, je crois qu’en nourrissant des poches de haine en soi, on multiplie les chances d’être malade, de ne jamais connaître le bonheur tout à fait.
Je pense que ce deuil ne sera jamais terminé et je l’accepte. Même mon prêtre le dit : personne ne peut nous forcer à pardonner, ce cadeau du pardon (qu’on se fait à soi même autant qu’à l’autre) ne peut jamais être contraint. Je ne le déteste plus, au sens où je n’y pense plus, ça ne m’habite plus, je suis passée à autre chose. Mais non, je n’ai pas envie de dire du bien de lui, de me réconcilier, de lui laisser la moindre chance de revenir dans ma vie. Je pense qu’il est profondément malfaisant et que le mal, ça se combat, ça se rejette, ça se repousse loin de soi, on crée des digues et des murs, on ne fait pas ami ami avec. Mais tu as raison : je ne le laisserai pas contaminer ma vie. Je le tiens à distance, c’est tout.
Quand une porte s’apprête à fermer, le mieux c’est de la tenir avec douceur avant qu’elle ne claque.
Bien d’accord