J’en conviens : le titre est un peu cu-cul la praline. Je reviens d’une escapade marocaine. Trois jours dans le village bleu de Chefchaouen. Des montagnes vertigineuses dans toutes les directions. J’ai rarement été happée de cette façon mais là n’est pas le sujet.
Se laisser prendre par des invitations au souvenir
Le dernier jour, nous avons passé quelques heures à Tanger pour profiter des rouleaux de la mer, du vent, du bleu océan, du Soleil et de son étreinte musculeuse. Dans cette partie du Maroc, tout au moins, les eucalyptus sont nombreux. Sur un bout de promenade avec ma comparse de voyage, je fus prise de stupeur. Un bruissement dans les feuilles des eucalyptus en bordure de route, me projeta tout droit dans un souvenir d’enfance. La température de l’air et le vent chaud se trouvèrent les parfaits complices de cette machination crapuleuse du destin.
Nostalgie des instants gravés
Je me voyais dans le jardin de ma grand-mère, sur son terrain breton. Petite, et déjà renversée par mes émotions, je ne pouvais détacher le regard des feuilles de ces grands eucalyptus qui dansaient au vent. Le soleil se déhanchait dans les ombres et baignait les feuillages de sa gracieuse lumière. Les feuilles des eucalyptus, tout argentées, longues et fines en s’agitant à l’unisson, composaient la musique de son arbre hôte en totale improvisation. Sans le moindre calcul, juste l’écoute et sa réponse vibrante. L’action du vent n’a pas le même chant selon l’arbre qu’il vient ensorceler. Le chant de l’Eucalyptus Niphophila (à feuilles longues) résonnait particulièrement sur moi. Il me rappelait celui des bouleaux de mon premier foyer, ou encore celui des saules pleureurs.
Les arbres aussi chantent
Dans ces moments-là, je profitais de la musique du jardin, de la chaleur de l’après-midi tombant doucement à mesure que le soleil perdait en hauteur. Le champ d’en face exhalait son odeur rassurante de foin. Ses hautes herbes si chères à mon coeur où j’aimais me perdre et observer les sauterelles bondir à chacun de mes pas, recelaient de mystères du moins dans mon esprit de gamine.
Je caressais l’écorce des eucalyptus niphophila mais aussi celle des eucalyptus gunnii à feuilles rondes, si veloutée, sans la moindre aspérité avec des envolées de couleurs fascinantes. Quand le vent soulevait leurs rameaux devant moi et jouait leur mélodie si caractéristique, j’avais la ferme sensation qu’ils me disaient quelque chose, qu’ils entraient en contact avec moi. C’était une époque où je regardais beaucoup Pocahontas, me direz-vous, jusqu’à en flinguer la K7. Mais aujourd’hui, je reviens à ce qu’on pourrait appeler de la naïveté enfantine. J’écoute les messages que l’on m’envoie, je profite des chansons de la nature, de ses spectacles. J’embrasse les troncs, je me délecte de leurs essences, de leurs parfums, de leurs effluves, de l’ambre de leur sève et je sursaute toujours si des fourmis m’ont grimpé sur le bras.
Que seront nos forêts, nos arbres demain ?
J’ai appris, il y a peu que les nouveaux propriétaires de la dernière maison de mes parents, ont rasé complètement le jardin. Ils se sont débarrassés sans scrupules d’arbres anciens, de tilleuls magnifiques, des vieux pins au fond de la propriété. Les oiseaux qui y habitaient n’ont qu’à aller se faire foutre, les insectes aussi. Je ne réfléchissais pas de la sorte quand j’étais ado. J’étais touchée en regardant des reportages sur les espèces qui perdaient leur habitat, ou se voyaient détroussées de leur territoire sans vergogne. Mais je n’y pensais pas en dehors des heures de visionnage.
Aujourd’hui, je supporte difficilement d’entendre qu’on arrache des arbres parce qu’ils bloquent la vue, parce qu’on veut y construire quelque chose d’autre à la place. J’ai en tête l’histoire que m’avait raconté mon guitariste quand la municipalité avait décidé d’arracher un arbre bi-centenaire près de la maison de sa mère. Qu’elle s’était retrouvée à genoux, impuissante, démunie et tordue de douleurs devant ce trésor déraciné, couché sur le flanc, elle qui l’avait toujours connu, comme un vieux copain exécuté en place publique.
Comme toujours, nous répondrons par l’extinction des “nuisibles” jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien.
En ce moment, on lit partout que les ours polaires envahissent les villes pour se nourrir (dans le Nord de la Russie). Leur territoire fond à vue d’oeil et ils seront sans doute supprimés, achevés pour avoir nui au confort et à la tranquillité des humains alentours. S’il y avait plus d’arbres et moins d’élevages de bestiaux, moins de terres agricoles pour nourrir les vaches, boeufs, porcs etc… la glace ne fondrait pas si vite. Pour chaque arbre arraché, nous devrions avoir l’obligation d’en planter un autre ailleurs.
Cerise sur le Cupcake : Montagne d’Or
Le projet Montagne d’Or prévoit de déboiser l’équivalent de 2161 terrains de football pour soutirer de l’or aux entrailles de la Terre. Ça créerait des emplois à court terme et cette simple donnée suffit à satisfaire tout le monde alors que ce sacrifice signe l’arrêt de mort de bon nombre d’espèces animales et végétales, la pollution irrémédiable (et déjà bien entamée) de l’Amazone au cyanure… Je vous propose de signer la pétition ici d’ailleurs pour empêcher la poursuite de ce projet insensé.
De la naïveté dépendent l’émerveillement et la survie de notre espèce
Et je terminerai sur les Paroles de “l’Air du Vent”, de mon très cher Pocahontas, dont j’ai acheté la BO alors que j’étais une adulte. Comme quoi, il y a des choses qui ne changent pas. Je vous propose de lire quelques bribes de ces merveilleuses paroles qui selon moi, reflètent une pensée pérenne et altruiste. La seule qui garantirait la survie et l’harmonie des écosystèmes de notre monde. Si comme la plupart des peuplades dites inférieures, nous considérions que tout est vibration, que l’eau, le cochon ou l’arbre sont vivants, et sont esprit (comme chez les animistes), faire le sacrifice du moindre d’entre eux serait sans doute plus réfléchi.
“(…) Moi je sais que la pierre, l’oiseau et les fleurs ont une vie, ont un esprit et un cœur (…) Entends-tu chanter les esprits de la montagne? Courons dans les forêts d’or et de lumière, Partageons-nous les fruits mûrs de la vie… La Terre nous offre ses trésors, ses mystères : Le bonheur ici-bas n’a pas de prix. Je suis fille des torrents, sœur des rivières. La loutre et le héron sont mes amis. Là-haut le sycomore dort. Comme l’aigle royal, il trône impérial. Les créatures de la nature ont besoin d’air pur. Et qu’importe la couleur de leur peau. Chantons tous en cœur les chansons de la montagne. En rêvant de pouvoir peindre l’air du vent. Mais la terre n’est que poussière tant que l’homme ignore comment il peut peindre en mille couleurs l’air du vent.”
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c’est cul cul de te dire : je valide complètement… j’ai toujours été perchée dans les arbres dans mon enfance, j’en conserve une relation particulière !
AHAHAH c’est notre côté “Petite Maison dans la Prairie”. ^^
Salut Ornella,
Je viens de t’apercevoir sur notuxedo comme d’hab où on se croise, 😉
au fait, tu m’avais laissé un commentaire me demandant quels étaient les problèmes techniques sur ton blog ?
Je t’ai répondu en détails y a plus de 3 semaines en t’envoyant un mail, l’as-tu bien reçu ?
car j’avais passé une demi-heure à te le rédiger et à faire quelques recherches, c’est pour ça :-/
bonne soirée,
Voui, je viens de t’envoyer un mail !
Superbe texte. j’adhère tellement à tout ce que tu dis. Moi aussi, les arbres arrachés me vrillent le coeur. Je ne supporte pas ça. J’ai grandi entourée d’arbres à la campagne et je tiens énormément à ce cadre boisé…
Ouais, un vrai déchirement.
Evidemment, cela me parle.
Lorsque nous avons emménagé, il y avait un eucalyptus de 20 mètres devant la maison. Malheureusement, il était presque mort. On a tergiversé longtemps dans l’espoir de le sauver, puis on a dû se résoudre à le couper (il représentait un risque pour la maison). Quel dommage.
Mon père a planté, l’année de ma naissance, un séquoia. L’année dernière, l’arbre a été frappé par la foudre. Il s’est fendu en deux, et s’est fracassé à terre. Mon père ne s’en remet pas. Son magnifique Séquoia, 25 mètres de hauteur, 6 mètres de d’envergure, 25 ans … Un arbre qui aurait pu devenir multi-centenaire, qui a accompagné toute notre vie, avec lequel nous avons grandi mutuellement … C’était comme perdre un membre de la famille. A moi aussi, ça a fait tout drôle !
Dans les champs, à côté de chez moi, il y a un noyer. Un immense noyer, présent depuis un bon siècle, peut-être deux. Il me parle. J’adore aller lui rendre visite, lui dire bonjour. Il y a peu mon compagnon m’a fait la même confidence. C’est son arbre préféré et à chaque fois qu’on se promène, on va se reposer contre son tronc sympathique. Il y a des liens comme ça, qu’on ne s’explique pas.
Les arbres, nos géants amis.