Je ne suis pas médecin. Je ne suis pas psy. Je ne suis pas neurologue. Mais j’entends des voix. Et je ne suis pas folle. Afin qu’on ne me tombe pas dessus, je tiens à préciser que ce récit est personnel, il me concerne. Je décide de le partager pour permettre à d’autres, vivant des expériences similaires de réfléchir à deux fois avant de se diagnostiquer eux-mêmes psychotiques. J’avais déjà évoqué certaines de mes expériences dans mon article : « Comment se manifeste mon intuition ? ». Je vous invite à le lire ou à le découvrir si besoin.
La conscience analytique et la conscience intuitive.
Au fil de notre éducation, on nous apprend que nos sensations de référence nous parviennent à travers nos 5 sens : l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher, la vue. Toutes les informations perçues à travers un autre biais que ces 5 sens sont subjectives, n’ont rien de vérifiables et sont par définition discutables. Notre conscience analyse son environnement, tout cela dans le but de survivre. Dans le monde actuel, on nous apprend à avoir confiance en ce que l’on voit, en ce qu’on lit. Les publicités sur les panneaux publicitaires sont sensées fournir des solutions à tous nos problèmes, répondre à des besoins dont nous n’avions même pas conscience.
Anticiper, se prémunir devant d’éventuelles difficultés
Nous sollicitons très peu notre conscience intuitive, qui pourtant devait par des temps anciens prendre sans doute le pas sur la conscience analytique. On faisait des paris sur les récoltes, en interrogeant le ciel, en goûtant la terre, ou en regardant le flux des torrents. En attendant le retour d’un messager, on prenait des décisions, on faisait des choix tactiques. Quitte ou double. Les délais pour vérifier les informations étaient si longs. Alors on décidait avant de savoir et d’être absolument certain, pour le meilleur comme pour le pire. La conscience intuitive devait sans doute être terriblement musclée dans des époques où les sollicitations n’étaient que celles de la nature, de la survie pure et dure et non polluée par les appareils électroniques, les ondes, les pots d’échappement, les couleurs et figures séduisantes pour éveiller l’HYPOTAL-ACHET’US dans notre cerveau.
Cultiver les moments de communion pour retrouver ses voix
Je le dis souvent : ce sont les temps de « rien », les moments où l’on ne « fait rien », où la pensée se balade et voyage que l’on peut se connecter avec son intuition, avec les couches très profondes de son être, réduites au silence par notre aspect de matière, notre corps physique, notre mental et notre égo. Sans refaire le film de ce qui m’a amenée à redécouvrir mon intuition, gardons à l’esprit que la société, la culture (les films, les livres) m’ont toujours appris qu’entendre des voix était un premier (et puis un SACRÉ) signe de folie. La belle affaire….
Qui croire ? Qui est fou ?
J’ai craint très longtemps de basculer, de flancher du côté obscur, de devenir la cinglée aux cheveux dans tous les sens, les yeux constamment perdus et cerclés de fatigue, pétris de cauchemars et d’images traumatisantes. J’ai douté et cru que je pouvais m’enliser dans une spirale grise délirante, où mon horizon n’aurait été qu’arbres morts dansant perpétuellement dans la nuit noire. J’ai tu mes ressentis et fermé les portes à double tour, barricadé les fenêtres et toutes les ouvertures par lesquelles voulaient s’infiltrer ces voix.
Et puis j’ai découvert le chamanisme…
Dans la pensée chamanique, les troubles mentaux (si l’on considère qu’entendre des voix ou voir, sentir des choses que d’autres ne perçoivent pas dans la réalité commune est un trouble mental) sont les prémices d’une vocation de guérisseur. L’énergie spirituelle est dissociée. La personne se retrouve à cheval entre deux mondes, pour l’expliquer grossièrement. Le chaman sensé visiter le monde des esprits uniquement pendant les cérémonies subit à la fois les effets du monde physique et de ce monde immatériel. Tout est mélangé créant une confusion totale ainsi qu’une panique bien légitime. Le sentiment de vulnérabilité, d’être contraint et pris au piège fait monter l’angoisse.
Apprivoiser sa/ses voix
Mes voix sont calmes. C’est majoritairement Une voix d’ailleurs qui m’interpelle. C’est plutôt le regard des gens à l’évocation de ces phénomènes étranges qui est douloureux. Souvent incompris, les sensibles/les connectés préfèrent garder pour eux leurs histoires, pour se protéger des jugements, des ricanements, des gros yeux. Aujourd’hui, je suis en paix avec mes ressentis. Il arrive que j’entende, que l’on me touche aussi l’épaule, le Bras, que l’on m’aide lors d’un effort physique, il arrive que je vois des choses, que je sente des odeurs. Je suis en paix avec tout ça. Je ne crains plus d’en parler. Les gens pensent ce qu’ils veulent.
Être à l’écoute, s’ouvrir à ces voix qui nous parlent.
Je vois et entends des choses à des niveaux tout à fait acceptables. Ca ne me paralyse pas. Mon quotidien ne s’en trouve pas perturbé. Je ne peux pas parler pour tout le monde. Chaque cas est différent, et s’étudie avec précision. La voix qui me suit ne m’oblige jamais à rien, ne me fait aucun chantage (Regarde un peu au dessus de toi). Elle suggère des remises en question de certains de mes choix en effectuant certains affirmations (Tu ne devrais pas faire ça). Il lui arrive de s’exprimer à l’impératif (Fais ça). Mais tous ses conseils ou ses phrases didactiques ne mettent jamais personne en péril. Elle vient désamorcer un danger, s’enquérir de ma santé, faire en sorte que tout se passe pour le mieux, attirer mon attention sur un croisement de route et m’inciter à prendre la meilleure pour moi.
Garder l’esprit clair, accueillir les voix sans les attendre pour autant
Je ne suis pas dépendante de mes voix. Elles se manifestent si elles le veulent, quand elles le veulent et je les entends quand je suis dans de bonnes dispositions pour les capter. Il faut s’imaginer qu’elles sont comme des interférences radio, vous n’êtes pas complètement branché sur une station alors vous captez les émissions d’autres stations. Ca grésille mais ça ne vous empêche pas de conduire. Le monde pointe du doigt les étrangetés, les anomalies. Un jour, il entendra que l’anomalie, c’est de ne se sentir connecté à rien, de croire que l’homme a l’ascendant sur la planète qui le porte. Un jour, il sera universellement acquis que la conscience n’est pas forcément associée au cerveau et que nous sommes des êtres réceptifs.
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et bien je comprends tellement…
Tu es folle tout comme moi, de cette folie douce et envoûtante. ^^
Il est beau, cet article, et dans mon cœur de femme autrefois très cartésienne, aujourd’hui très intuitive, il touche une corde sensible…
Ah, je comprends que je ne pouvais pas imaginer plus belle réaction.
Tu le sais j’ai encore du mal à me sentir à l’aise avec ça…
Je me suis crue folle tellement de fois!!
Merci du coup pour ton article qui fait du bien.
Je t’en prie, le plaisir est pour moi !
Ce texte est très beau, très touchant. Je trouve cette sensibilité intuitive, cette ouverture aux autres mondes très belle. Tu parles du chamanisme, je l’ai découvert en Finlande chez les Sames, et j’avais été très touchée par leur vision du monde.
Je n’ai eu qu’une seule expérience “limite” dans ma vie, ce n’était pas une voix, c’était un rêve dont j’ai la conviction absolue qu’il était prémonitoire – ce que je ne pourrai jamais vérifier, car j’ai écarté le danger en évitant ce que ce rêve prédisait. Cela ne s’est jamais reproduit depuis, et je pense que c’était un cas d’extrême urgence, où quelque chose voulait me protéger, me sauver, et que cela ne s’est plus manifesté depuis, car le besoin ne s’est pas ressenti. Mais si cela arrivait encore, je serais réceptive.
Sacré expérience en tout cas. Je suis sûre qu’elle te reste fraichement en mémoire tout le long de ta vie.