
Tout le monde y va de son hommage et même si en temps de Black Friday, les mails et les publications redondantes et insistantes m’énervent au plus haut point, dans un contexte si exceptionnel qu’est l’effondrement partiel d’un édifice quasi millénaire, important pour moi qui plus est, je ne peux m’empêcher de dire un petit mot à mon tour.
L’histoire d’Amour commence avec Walt Disney, comme tous les enfants de ma génération
Notre-Dame a bercé mon enfance. Sorti en 96, j’avais 4 ans, « le Bossu de Notre Dame » fait partie de ces classiques Disney qui m’ont vue grandir. Il m’a traumatisée avec sa scène de torture publique qui me fait encore frissonner aujourd’hui. Je ne comprends d’ailleurs pas que ça n’ait pas été censuré. J’ai fantasmé sur Phoebus, j’ai voulu consoler Quasimodo, arborer la chevelure aile de corbeau d’Esmeralda. J’ai beaucoup ri aussi avec les caractères bien trempés des Gargouilles. Fun fact : J’ai été chanteuse au sein d’un groupe de rock nommé « The Gargoyls ». Ca ne sort pas de nulle part. La Gargouille me fascine : sa monstruosité, sa façon de veiller inlassablement dont je me sens si proche.
En 98, c’est la comédie musicale Notre-Dame de Paris qui vit le jour, réanimant une fois de plus la flamme du génie Hugo. Cet Hugo dont j’aime tant le théâtre. Les pièces « Lucrèce Borgia » et « Angelo, tyran de Padoue » sont des chefs d’oeuvre que j’ai connu pendant mes études au Cours FLORENT et à la Fac.
Paris, Paris : joyau de la France

En 2011, je m’installe à Paris. Ca fait 8 ans que je vis à Lutèce. Paris, la romantique, ses ponts, ses îles, ses mystères, ses bancs, quais, manèges, ses terrasses, ses bois, parcs, et trésors architecturaux, ses églises. Nombre de livres de pierre ouverts, à chaque coin de rue, dans les passages, les impasses, sous les pavés. Des colombages, de l’Art Nouveau, du Gothique : les âges et les époques se complètent. On lit sur les façades, les noms de ceux qui ont construit, qui ont conçu.
Le sacré sous toutes ses formes.
Depuis 8 ans que je vis dans la capitale, mettre le nez dehors est toujours source d’émerveillement. D’une chose jamais vue auparavant alors que l’on passe à côté tous les matins. De merveilles dont on ne se lasse pas. Des petites places, des bâtiments atypiques, des squares apaisants pourtant secoués par les cris excités des enfants qui y jouent les mercredis après-midis. Des statues portant pour l’éternité la grâce d’un précieux instant, d’un mouvement, d’une émotion.
Selon notre lieu de vie, on établit des habitudes, des rituels, des circuits que l’on apprécie faire pour aller d’un point à un autre. Pour ma part, les Parisiens connaîtront sans doute : Je suis une habituée de la ligne de Bus 96. Elle part de la Tour Montparnasse, descend une bonne partie de la rue de Rennes, passe par Saint-Germain, Odéon, puis s’aventure dans le quartier Saint-Michel, traverse le Pont Saint-Michel et de ce pont on a une vue imprenable sur Notre Dame.
Je pense n’avoir jamais pris le bus, sans la contempler, jamais traversé le pont à pied, sans prendre le temps de lui offrir un regard, un mot doux, une caresse lointaine. Quand je l’observe d’assez loin, je peux la prendre tout entière contre mon corps, voire la tenir dans ma main. Sa flèche ne me piquera plus quand je la recouvrirai de ma paume gauche. Et avec mon doigt maintenant, je peux rentrer dans sa nef, par le toit. Par le ciel, je dirais. N’est-il pas merveilleux qu’un édifice spirituel, dont la verticalité est une échelle faisant cohabiter le ciel et la terre, expose ses plaies ouvertes à la lumière cicatrisante du soleil ainsi qu’à la douceur de l’air ?
La désolation. Le Choc. L’impuissance.
J’essaie de voir le Verre à moitié plein. Les images de la charpente embrasée de Notre-Dame m’ont donné le sentiment d’être ligotée sur une chaise et de devoir assister à la mise à mort d’un membre de ma famille. La désolation. Le choc. L’impuissance. L’année dernière, c’est le Musée National de Rio de Janeiro qui a brûlé. Des siècles et des siècles d’histoire, de patrimoine. Je m’étais mise à la place des citoyens du pays et je réalisais déjà combien les dégâts étaient colossaux. Aujourd’hui, c’est notre tour. Des chênes centenaires parfois bi-centenaires avaient servi à structurer cette charpente, ils ont tenu presque 1000 ans, quelle prouesse, quelle longévité ! Certains titres parlent de la « Forêt de Paris ravagée ». Ca me parle oui. J’en suis rendue si malheureuse mais comme je l’ai vu sur les réseaux sociaux, certains ont assez justement pointé du doigt que cet incendie est une partie de son histoire maintenant. Ce qui est parti en fumée, il faut le voir comme une occasion de célébrer ce qui a été, ce qui est, ce qui sera, d’ensemble unir nos forces, nos domaines d’expertises, nos pensées positives, voire nos dons financiers, car l’argent ne tombe pas encore du ciel aussi spirituel que l’on puisse être, pour reconstruire.
Notre-Dame n’est pas détruite, elle a besoin d’opérations de chirurgie plastique, d’un travail de gros-oeuvre et d’orfèvrerie mélangé, nous sommes d’accord. Ca prendra des années, nous sommes d’accord. Mais elle est toujours debout, toujours vivante (comme notre bon vieux Renaud). Amoindrie, amaigrie, asséchée, affaiblie, mais elle tient.

Haut-lieu énergétique, temple alchimique. Sommet de géométrie sacrée.
Elle a été construite sur des courants telluriques très forts, et on n’en verra pas la fin comme ça. Il y a 4 ans environ, j’ai découvert Patrick Bureinstas, l’un des derniers alchimistes au monde. J’avais lu son livre « Un alchimiste raconte » où il nous emmenait déjà découvrir les symboles alchimiques de Notre-Dame (entre autres). Et moi, dont la gamine que j’étais, rêvait de devenir archéologue ou chasseuse de reliques comme Sydney Fox, les histoires de Lion Vert, de Licorne, de Caducée et de symboles du Soufre, du Sel, et du Mercure dans nos vitraux, nos églises, nos tapisseries m’écarquillaient les yeux sans relâche.
L’incendie du 15 avril 2019 s’inscrit à la postérité.
Notre Dame est merveilleuse par ses détails, ses trois portes frontales différentes, ses rosaces, ses arc-boutants, ses colonnades. Tout y est magique et reconnaissable. L’incendie du 15 avril 2018 est déjà consigné sur la page Wikipédia de la cathédrale. Elle gardera des séquelles de cet épisode, c’est à n’en point douter. Cependant, elle retrouvera de sa superbe. Et tous, nous chérirons ses balafres, vestiges d’un combat qu’elle aura gagné. Nous entonnerons des chants à la gloire de son courage et pour saluer notre entraide, pour honorer les fourmis casquées et leurs lances à eau, les louves hurlant à la Lune, les artisans, les généreux donateurs-distributeurs d’abondance. Longue vie à Notre-Dame !
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Grosse pensée d’amour pour toi la plus belle des gargouilles …
Haaaaan merci, coeurs avec les doigts <3
C’est beau!
Étrangement en la voyant brûler, j’étais sereine, le visage déjà tourné vers demain.
Tel le Phénix elle renaitra. J’ai vu la vie dans les flammes!
Tant mieux si tu l’as vécu ainsi… J’avoue m’être sentie plus que désemparée moi.
C’est vrai que ça fait un choc mine de rien, ce qu’il s’est passé. Un drame qui touche notre identité, notre symbole, nous. On était spectateurs impuissants face à cette catastrophe et quelle horreur… Quand je me balade à Paris, j’aime la regarder depuis les quais.
A bientôt,
Line
Hier dans le Film “Les Crevettes Pailletées”, j’ai vu Notre Dame en arrière-plan et elle était coiffée de sa toiture. Ça m’a fait un pincement au coeur.