Je ne suis pas une nana qui porte des montres. Il est rare que je mette des bracelets. J’ai toujours des boucles d’oreilles, jour et nuit. Je refuse de les enlever. Et systématiquement un pendentif ou un sautoir autour du cou sans quoi, je suis nue et vulnérable.
Le temps, les montres, les bijoux.
Mais une montre, plus maintenant. Ca doit faire au moins 10 ans que je n’en ai pas portée. J’en ai eu deux dont je me rappellerai toujours pourtant : Ma première montre Chipie avec des petits chiens sculptées sur le pourtour chromé du cadran et ses aiguilles joufflues, son bracelet en cuir rouge que j’ai changé à au moins deux reprises – et dont j’aimais passer la peau tannée sur mes lèvres : pour son odeur et sa douceur – son bouton poussoir qui me rentrait dans la main quand je m’appuyais dessus. Je l’ai aimée cette montre, pour pleins de raisons.
Et puis, il y a eu la deuxième, une Dolce & Gabbana pour je ne sais plus quel anniversaire, un cadran carré, le fond anthracite et légèrement brillant, le pourtour chromé, aucun chiffre dessus, un bracelet fin, élégant et tout en sobriété. Un vrai bijou. Sauf que le bracelet s’est cassé par trois fois et qu’à force de le sentir se détacher de mon poignet, la peur de la perdre a fini par me garder de la mettre le matin.
Esclave du temps.
Il faut dire, que malgré l’aspect esthétique, je ne vois que des inconvénients au fait de porter une montre : c’est lourd, c’est encombrant, et ça donne l’heure n’importe quand. C’est un véritable calvaire d’avoir le poids du temps à son poignet. Epouvantable punition de le voir s’étirer à l’infini quand on aimerait qu’il passe son chemin et de le sentir filer trop vite quand les journées gagneraient à durer 8 heures de plus.
L’oeuvre magique de la course du Soleil
Certaines mauvaises langues diront : « Oui, mais tu as l’heure sur ton téléphone ». En effet, mais pas sur mon corps. Le résultat pour moi est complètement différent. Porter le temps, porter le monde comme Atlas, entendre le bruit étouffé du mécanisme et les soubresauts de la trotteuse sous le verre du cadran, sans pouvoir l’arrêter, le contrôler, lui imposer « un temps mort » ou une « pause », c’est ingérable pour moi. Ce n’est pas faute d’être émerveillée devant les vieilles machineries et mécanismes des horloges. J’ai d’ailleurs une admiration totale pour ce monde minutieux des cliquetis, des crans et des rouages. Horloges astronomiques, cadrans solaires, coucous, carillons, pendules m’émerveillent.
L’illusion de la fuite du temps
Mais je ne suis pas une fille du temps. Qu’il court partout s’il le souhaite mais pas sur mon poignet. Qu’il fuite, qu’il s’évanouisse mais qu’il ne m’emporte pas avec lui. Qu’il garde ses distances. Le temps est précieux quand les émotions sont fortes : il se multiplie, se divise et nous colle des cheveux blancs. Il est indomptable. L’enchaîner dans un bracelet est inutile : inlassablement il tourne, et enlever sa pile ne l’empêche pas d’être. Alors je le laisse s’écouler tout autour. Je laisse la gravité faire son travail, décider de mon altération, de ma flétrissure.
C’est ma perception du temps qui lui donne des ailes, mon besoin d’aller vite ou de ralentir les événements qui lui sert de fuel. Il se nourrit de mes angoisses, de mes amours. Il se tord, se distend, se rétracte quand je ne sais me satisfaire du présent, de ce qui m’est donné. S’affranchir du temps pour reprendre les rennes.
N’oubliez pas de vous abonner sur Hellocoton, Facebook ou Instagram pour vous tenir au courant des prochains articles ! Epinglez cet article sur Pinterest.
qu’est ce que j’aime ton dernier paragraphe… je partage même si j’ai une montre au poignet !!!! bisous
Un bien joli texte, même pour moi qui porte une montre!
Étrangement avoir une montre me rappelle justement le temps, l’importance de l’ici et maintenant. Comme quoi nous somme tous différents.
Une seule montre ⌚️ dans ma vie une vieille casio vintage décolorée que ton frère m’a offerte. Elle est passée au lave linge plus d’une fois et semble avoir une vie propre. Elle sonne sans savoir pourquoi à des heures totalement aléatoires. Elle a son caractère mais ne m’a jamais aidé à arriver à l’heure. Je me souviens d’une discussion avec Victor et Xavier sur les belles montres et leurs savants mécanismes et cette phrase: vous avez une montre, moi j’ai le temps Je comprends et je partage ton point de vue.
“vous avez une montre, moi j’ai le temps.” La classe absolue ! 🙂
Superbe article Je n’ai pas de montre au poignet non plus 😉 Je ne sais pas trop comment mais j’arrive le plus souvent à l’appréhender, à l’estimer Et en cas de besoin je prends appui sur mon téléphone Vaste sujet en tout cas Moi aussi il me fascine ce temps qui passe 🙂
Merci ma belle !
J’e ne porte pas de montre non plus, j’ai mon téléphone et le tic tac me rend dingue !