Ca faisait des années que je voulais vivre cette expérience, comprendre de quoi parlaient ceux qui l’avaient entrepris – le jeûne-, ceux qui en font un rendez-vous annuel voire bi-annuel, ceux pour qui c’est un moment de pure détente et plénitude.
Quelques années déjà que ça me titillait sans passer le cap.
Je me suis beaucoup informée sur le sujet et je comptais, le jour où j’allais le faire, m’y préparer convenablement, c’est à dire baisser mes quantités alimentaires petit à petit et puis ne plus rien avaler qui soit difficile à digérer, boire beaucoup et basta. Je m’étais dit que je ferais les choses dans les formes. Mais comme souvent, et comme ma nature anticonformiste me le suggère, j’ai rien fait comme il Faut, et j’en suis très contente. Evidemment, le témoignage qui va suivre est le résultat d’une expérience personnelle. Je ne suis pas un professionnel de santé, pas un gourou. Je n’invite personne à faire exactement comme moi. Je relate simplement les faits. Mais d’abord, faisons quelques liens nécessaires.
La pratique du jeûne à travers les religions monothéistes.
Que ce soit dans l’islam, l’orthodoxie, la catholicisme ou le judaïsme, la pratique du jeûne est présente et tisse une toile entre elles. Pour tous ces courants religieux, le jeûne est un rituel de purification. On se lave de ses péchés, on s’éloigne des passions dévorantes, on rend hommage aux souffrances, on acquiert une volonté accrue par l’abstinence. On se retient de manger, de se remplir, de remplir cette coupe qui une fois vidée ne demande qu’à être pleine à nouveau. L’on doit se satisfaire d’une nourriture simplement spirituelle, dans le recueillement, la méditation, la prière, et la dépense d’énergie qui vient finir de nettoyer le corps.
Quand nous sommes malades, le corps se met en stand-by.
C’est un ami qui m’avait fait réaliser ça au détour d’une conversation sur le jeûne. Quand on est malade, on n’a pas faim. Et pourtant, nos parents nous forcent à manger, pensant que ça va nous donner des forces pour lutter contre le virus. Mais si le corps ne réclame pas de nourriture, alors n’est-il pas plus juste de l’écouter ? Si le corps ne veut rien ingérer, c’est pour justement mettre l’accent sur la résolution du problème qui l’entrave et non devoir se surcharger de travail en mettant des équipes également sur le front de la digestion, de la même façon qu’une réaction allergique (éruption cutanée, vomissement, gonflement) est un indicateur de rejet du corps de ce que l’on vient d’avaler.
L’absence de faim témoigne d’un besoin de se laisser au repos, besoin que l’on n’a pas pour habitude d’écouter*. Cet ami m’a confié que lorsqu’il sent une faiblesse, il a pris pour habitude d’arrêter de manger pour ne pas surcharger son système de santé interne et lui laisser le temps et les moyens de la gestion du problème (#unpeucommeaveclacriseducoronavirus, faut faire redescendre la courbe). Ce n’est pas le seul dans mon entourage à avoir tenu de tels propos et tous se rejoignent dans l’efficacité de cette mise au repos du système digestif. J’ai même lu quelque part -à prendre avec des pincettes biensûr-, que de jeûner pendant une chimiothérapie permet d’augmenter sensiblement ses chances de réussite. Vous remarquerez également que les animaux malades, eux aussi ne mangent plus. Et nous humains, prenons souvent cela pour un signe inquiétant alors que c’est plutôt la preuve d’une démarche curative mise en place (qui répond bien évidemment à un problème en amont). Nous jeûnons donc intuitivement mais comme souvent c’est l’analyse qui a absorbé notre intuition et l’on fonctionne ainsi : Je suis malade > J’ai pas faim >Je me sens faible et ça me fait peur > Je dois me forcer à manger et ça ira mieux.
*Ceci ne met pas dans le même sac, les personnes âgées qui ont tendance à perdre l’appétit ou les personnes dépressives qui se désintéressent de la nourriture. On ne parle pas ici de maladie mentale, mais de symptômes du corps physique qui traduisent une détresse.
L’accueil du jeûne en France
En France, le jeûne est considéré par l’ordre de mes médecins comme de la poudre aux yeux la plupart du temps, comme de l’esbroufe. Pourtant, son efficacité est prouvée en Russie et sa mise en pratique très courante. Les études Russes sur son efficacité n’ont d’ailleurs « étrangement » jamais été traduites en français. Ca rapporte moins de pousser quelqu’un à arrêter de manger pendant un temps que de lui prescrire des médicaments. Le ratio est vite fait. Au Japon, c’est très courant, au Canada, en Allemagne et même aux Etats-Unis, l’efficacité du jeûne est prise au sérieux.
Les dérives du jeûne en France
Le problème, c’est l’émergence de cette mode du jeûne partout en France de façon un peu clandestine qui porte le nom de « Retraite Détox » le plus souvent. Des retraites dans des lieux de nature sont organisées avec une dizaine ou une quinzaine de participants et on leur fait payer des milles et des cents pour se balader dans la forêt et boire du bouillon de légumes 3 fois dans la journée. Ma conscience se trouve dérangée, en constatant les prix de certaines de ces retraites, et même si parfois des cours de yoga, ou des méditations sont assurés, je me dis que le jeûne dans ces conditions devient une pratique un peu bobo où finalement, la restructuration du mental, l’apaisement de l’esprit et la découverte de sa caverne intuitive ne sont sans doute pas aussi bien explorés que lorsque ceci est réalisé en ermite, en solitaire. On ne m’ôtera pas de la tête que la plus grande découverte est celle que l’on fait seul, face à soi-même.
Jeûne au sein du bouddhisme et de l’hindouisme
Au tout début d’une période de jeûne, on peut se sentir obsédé par la nourriture. On est tiraillé, le ventre gronde, hurle, l’estomac fait du break dance à l’intérieur de soi, c’est insupportable. Et puis, en 2, parfois 3 jours, la faim se fait plus silencieuse, plus respectueuse de votre musique, de votre rythme. Elle ne vient pas interférer votre calme avec son bruit. Chez les bouddhistes, le jeûne est une pratique courante car il favorise la clarté de l’esprit et rend les méditations beaucoup plus profondes. Le jeûne chez les Peuples Premiers, dans leurs traditions ancestrales précède souvent une cérémonie ou un rituel pour accueillir les visions. Les chamanes par exemple, sont habitués à ces phases de repos digestif.
Mon expérience du jeûne.
Elle n’est pas terminée. Je suis en plein dedans. En préambule, sachez que je suis une habituée du jeûne intermittent. Il n’est pas rare que je prenne mon dernier repas autour de 17 ou 18h et le premier le lendemain matin à 12H00. J’ai commencé à faire cela lors de mes grandes crises dûes à ma Maladie de Crohn, et ça permettait de soulager un peu mes nuits.
Une sorte de déclic : “c’est le moment”
Mercredi soir, j’ai diné. Puis j’ai eu un chagrin personnel qui m’a tordu l’estomac. A ce moment là, j’ai compris que je ne mangerais sans doute pas avant le lendemain soir. Et puis, naturellement, sans trop y réfléchir, j’ai décidé (consciemment – j’ai fait ce choix) que j’allais simplement arrêter de manger (de manger de façon normale). Je buvais suffisamment d’eau, je prenais un peu de café, de décaféiné, et puis je ne mangeais presque rien. Il ne faut pas oublier que j’ai un pedigree de boulimique, donc je suis plus habituée à manger beaucoup qu’à ne pas le faire du tout.
Les premiers effets se sont faits sentir assez vite
Dès le vendredi, j’ai eu une sensation de bien-être que je n’explique pas, de plénitude. Et surtout, le point majeur sur lequel j’aimerais attirer votre attention, c’est sur ma faculté de concentration. J’ai évoqué dans mes derniers posts Instagram et Facebook, une grande fatigue mentale et émotionnelle qui m’épuisait ces derniers mois. Le confinement n’arrangeant rien, ma sensibilité est épidermique et j’ai l’impression d’être une antenne satellite qui capte les ondes du monde entier. Je n’en peux plus, je craque. La fatigue mentale dont je parle m’empêchait, en dehors de mes heures de travail où je rédigeais les analyses astrologiques pour mes clients, de rester concentrée longtemps sur quelque chose, mis à part sur un divertissement. Je m’abreuvais depuis des mois, de films, de séries, je mettais Friends perpétuellement en fond sonore pour m’apaiser mais dès lors que je devais ouvrir un livre, ou regarder un reportage (activités que j’apprécie pourtant beaucoup), j’étouffais d’avance. Ca me paraissait insurmontable.
Les conséquences de ce temps de repos pour mon système digestif
Depuis que je jeûne, ma faculté de concentration est extraordinaire. Je me sens très bien, dans la plénitude. Et autre point important, j’ai beaucoup d’énergie. J’étais persuadée que de ne pas me nourrir assez me provoquerait des faiblesses, des vertiges. Il n’en est rien. Je n’ai plus mal dans mes genoux. Je peux même me bouger sans en souffrir (danser, faire du sport chez moi). Evidemment, les kilos s’envolent sur la balance et la légèreté du corps physique impacte sur la légèreté de l’esprit. C’est pourquoi, la sortie de jeûne devra être très progressive. Le jeûne est quelque chose de très intime et il ne se vit pas de la même façon pour tout le monde. Pour ma part, mes émotions n’avaient plus de barrage, et il semblerait vraiment que de jeûner calme efficacement mon esprit et mon coeur. Je suis capable de prendre le temps d’écouter de la musique sans faire autre chose en même temps. Je ne sais plus quand est la dernière fois que j’ai fait ça. Avant, j’écoutais de la musique en permanence mais en faisant quelque chose : en travaillant, en me déplaçant, en cuisinant. Là, je prends le temps (je m’assois, je m’allonge) de me mettre en accord avec la musique qui peut prendre toute la place en moi. Ma coupe est vide et ne fait qu’accueillir gentiment tout ce qui se présente à elle. Elle ne se remplit pas de manière compulsive mais dans un juste équilibre. Et ce qui n’est pas nécessaire, ce qui est susceptible de me heurter, ne rentre tout simplement pas.
En quoi mon jeûne n’est pas conventionnel ?
Je n’ai pas vu de médecin, je n’ai pas attendu le feu vert de qui que ce soit, et ça c’est mal voyez ! Si vous êtes une personne à risques, fragile, c’est mieux de demander conseil quand même. Et puis un jeûne s’il dure une semaine, c’est bien, 15 jours, c’est génial, mais jusqu’à 40 jours, vous avez ordre de vous faire suivre. C’est la limite à ne pas dépasser. Je bois beaucoup : de l’eau, du café, de l’eau avec du sirop de citron MAIS je mange un tout petit peu. Des quantités plutôt infimes par rapport à mes assiettes habituelles, mais du riz, quelques lentilles et du chocolat noir. Je ne veux pas être complètement au régime liquide, pour cette première expérience et ça me va très bien. Ca fait maintenant 5 jours que je jeûne et c’est le pied. La période de confinement est idéale pour cette pratique. On n’est pas tenté d’aller prendre le goûter avec une telle (Marie @SweetAndSour), de dîner avec une autre (Mon Eve), de boire un verre d’alcool ou cinq avec Mon Alex. ^^
Je mettrai sans doute à jour cet article avec un paragraphe qui clôture la fin de cette expérience. Si vous voulez tenter, ne vous mettez pas en danger. Je le répète. Gardez à l’esprit que c’est sensé vous faire du bien. Si vous vivez le jeûne comme un calvaire, arrêtez-vous.
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Je jeûne tous les ans. Descente alimentaire sur 1 semaine (suppression progressive des aliments pour terminer par uniquement des fruits).
Le jeûne a l’eau uniquement commence. En général, c’est le 3ème jour le plus difficile ( maux de tête surtout, fatigue) mais c’est très court. Après cette matinée un peu pénible , aucun problème pour poursuivre le jeûne de 2 semaines. Jamais faim. Il suffit d’être dans un endroit avec des placards vides. Aucune tentation. Promenade de 3h par jour sans aucune fatigue,, lecture, yoga
La reprise consiste pour le 1er repas en un potage très clair. Puis le lendemain, fruits,puis introduction de légumes , puis féculents…pour terminer après une lente reprise sur 1 semaine par la viande, lactose.
Un grand merci pour ton partage d’expérience.