Je vais m’appuyer pour ce billet, sur le cas tout récent d’une cliente afin d’illustrer mon propos. Cette femme en question m’écrit et me dit être au fond du trou. Je réalise l’analyse de son thème astral et de son thème progressé. Ces derniers révèlent entre autres choses, sa dépendance affective, son manque d’amour pour elle-même et sa croyance que pour être véritablement heureuse, il lui faut être aimée de quelqu’un d’autre. Elle est d’accord avec ce que j’avance.
Lors de nos échanges, elle me révèle qu’elle vient de se séparer et lorsque je lui intime de se focaliser sur elle, elle ne semble pas me comprendre. Ses seuls tourments sont : “Reviendra-t-il ? Est-ce que je vais rencontrer l’homme de ma vie ?”
Une vision tronquée de l’amour
Voici un rapide portrait de cette dame : 36 ans. A vécu en couple avec un homme maltraitant pendant 16 ans. Sort d’une relation de 3 ans. N’a jamais été seule, célibataire. Dotée d’une vision très esquintée de l’amour où pour elle, sa seule fonction de femme amoureuse est de se sacrifier pour l’autre.
Il faut dire que son thème l’y invite particulièrement, au sacrifice, à la perte d’identité. Elle disparait complètement pour être au service de l’autres, ses désirs, ses besoins. “L’amour, c’est s’oublier pour l’autre, n’est-ce pas ?” me dit-elle. Je lui répondis que non, froidement. Avec le plus grand déficit de tact, je l’ai secouée à distance par la rudesse de mes propos. Je l’ai frappée de vérités que toute sa vie, elle n’a pas eu le courage d’entendre.
Il y a des personnes pour lesquelles je sens que la tendresse molle n’est plus d’une aide suffisante. Il faut les choquer ; ce sont souvent des gens dans un désespoir profond et malmenés par un questionnement d’une violence inouïe. C’est ce qu’on met dans le terme fourre-tout : crise de la trentaine/quarantaine/cinquantaine. Malheureusement, leur mal-être étant devenu une forme de routine, ils s’enfoncent confortablement dans la tristesse qu’ils pensent être leur seul avenir.
Cette fameuse et si commune peur de l’abandon
Cette femme que nous appellerons Antonia est remarquablement forte. Elle a subi des traumatismes dont on ne peut soupçonner l’étendue, de l’ordre de ces reportages que l’on ne voit qu’à la télé mais malgré ça, bien qu’elle a traversé des rivières au courant dévastateur et sauté au dessus de profonds ravins, elle continue de se raccrocher à des branches cassées, à la recherche de béquilles de soutien qui ne sont pas pérennes dans le temps.
Antonia m’a rappelée mon Eve, dont je parle régulièrement ici. Elles se sont toutes les deux rendues compte que ce qu’elles aimaient le plus chez leurs amoureux respectifs, c’était l’amour et l’attention qu’ils avaient pour elles.
Elles ont dû déconstruire des fondamentaux qu’elles croyaient être légitimes pour enfin apprendre que le seul amour dont elles avaient véritablement besoin, c’était le leur, et que sans lui, elles ne pouvaient aimer que pour de mauvaises raisons, les yeux remplis de chimères, à se transformer jour après jour dans le but de plaire à l’autre et de ne jamais perdre son attention, pour s’assurer qu’il ne les quitte jamais, ou devrais-je dire, qu’on ne les abandonne pas.
Laisser le passé au passé
Quand j’ai évoqué ses subterfuges à Antonia pour se garder de l’abandon de son compagnon, elle m’a confirmé ses “méthodes” en ajoutant : “C’est à cause de ce qu’il s’est passé dans mon enfance”. Ce à quoi j’ai répondu tout naturellement : “On s’en fout.” dans la plus grande indélicatesse. Encore une fois, j’ai pris le parti d’être un peu dure parce que la sonnette d’alarme était tirée depuis un moment déjà. En effet, on s’en fout de ce qu’il s’est passé avant. Ca n’a plus aucune importance parce que ça appartient au passé, passé sur lequel vous n’avez plus aucune emprise.
La seule chose que vous pouvez maîtriser véritablement, c’est le présent et à la rigueur, vous pouvez éventuellement faire de votre mieux pour anticiper le meilleur des avenirs. Voilà tout. Le passé, ce qu’il y a avant Maintenant, vous n’y pouvez plus rien. Alors vous appesantir dessus, est une dépense considérable en énergie et en temps dont vous feriez mieux de vous abstenir le plus tôt possible.
Un passé difficile ne doit pas servir de prétexte, d’excuse permanente. C’est choisir la facilité.
Que vous ayez été violé, malmené, torturé, que votre mère soit morte d’un cancer quand vous aviez 8 ans, que votre père ait été absent, que vous ayez grandi à Nice ou à Villefranche-sur-Saône, dans une barre d’immeuble, ou sous un pont, en vérité, ON S’EN CONTRECARRE LE C*L. Ca n’existe plus. Ce passé a fait ce que vous êtes, à un moment donné mais ce temps n’est plus. Ces informations sont importantes s’il s’agit de mieux vous connaître, d’en savoir plus sur vous et votre parcours, mais elles ne doivent en aucun cas servir d’excuses. “Je suis malheureux, tu comprends, j’ai vécu des trucs difficiles dans ma vie.” Non et non. Tout le monde a son échelle a été abîmé pour une raison x ou y. Il arrive que lors des procès de pédophilie, les avocats des accusés justifient le geste de leur client en expliquant que lui aussi a subi des attouchements quand il était petit. Ca ne devrait même pas servir d’argument. C’est un lien de causalité un peu facile à mon sens.
Le choix du pardon : premier pas vers l’Amour
Le meilleur moyen de se libérer de ses traumatismes et blessures psychiques, c’est de pardonner. C’est l’attitude la plus intelligente à adopter et ça devrait être enseigné à l’école avant le théorème de Pythagore. Lorsque vous pensez que quelque chose est impardonnable, pensez-y une seconde fois. Lorsque vous faites le choix de ne pas pardonner, vous estimez en réalité devoir souffrir encore du mal que l’on vous a fait (peut-être même que vous voulez véritablement en vouloir encore à la personne ou à la situation qui a causé de la peine). Nourrir une rancoeur mène à perdre des années de vie. En refusant de pardonner, vous seul, faites le choix de vous empoisonner encore un peu plus.
Pardonner et lâcher prise
Pardonner c’est lâcher prise, c’est laisser tomber l’ego qui voudrait être capable de changer le passé, de contrôler ce qui lui arrive. On se porte 100 fois mieux en prenant conscience que tout ne dépend pas de nous. Lâcher prise, c’est accepter ce qui est. Le Pardon est la seule perspective saine d’avenir. Sans lui, la menace d’une maladie, d’un événement qui vous affaiblirait, pèserait toujours sur vos épaules.
Ceux qui me lisent depuis longtemps savent combien je sais (je sais pour moi-même ; je ne cherche pas à convaincre) que chaque événement qui nous arrive, chaque personne que l’on rencontre a pour but de nous apprendre quelque chose. Et lorsque l’on a la tête dure, l’instruction se fait parfois dans la plus grande brutalité. La vie nous assène des coups comme autant de leçons destinées à faire de nous des maîtres : maîtres de nous-mêmes et non du voile de notre égo qui nous handicape et nous aveugle.
S’aimer soi pour mieux aimer l’autre.
A distance, j’ai fait de mon mieux par des principes simples, pour expliquer à Antonia que si elle ne s’aimait pas elle-même, elle allait égoïstement, tout en croyant faire preuve de générosité, charger la mule de son partenaire qui aurait de fait, la responsabilité de l’aimer suffisamment pour deux. Je lui ai rappelé qu’un amoureux n’est pas un thérapeute ni un médecin et encore moins un sauveur. L’autre ne doit pas être une raison de vivre. Ses propres enfants ne doivent pas non plus être une raison de vivre.
Mais comment s’aimer soi-même véritablement ?
Toute perdue qu’elle était, elle cherchait le mode d’emploi pour s’aimer. Je lui ai d’abord donné une référence de comparaison pour qu’elle ait une idée de son objectif. “L’amour inconditionnel que vous avez pour vos enfants, c’est ça la cible. Et pour y parvenir, il faut vous traiter avec douceur, avec tendresse, réciter des mantras que vous composez vous-mêmes, destinés à faire preuve de gratitude envers vos qualités uniques, faire preuve de clémence envers ce qui vous fait encore défaut et associer à ces intentions des gestes. Un geste pour les marques de gratitude, un autre pour la clémence, un dernier pour le pardon.”
Intention – Mouvement – Respiration
C’est une technique que l’on retrouve en sophrologie. Ne pas oublier de respirer. Pendant ces incantations, l’air doit circuler, aller et venir ; pas question de se mettre en apnée. Il faut oxygéner le corps en même temps pour que parviennent ces intentions positives jusque dans la plus petite cellule et que le corps se souvienne. Intention, mouvement, respiration : voilà la clé.
Evidemment, il. ne s’agit pas d’une méthode miracle et seules ces incantations ne suffiront pas, elles rentrent dans un protocole précis et dans une démarche engagée véritablement motivée à l’idée d’aller mieux, à s’aimer plus. Le faire à moitié, c’est choisir que l’on mérite de s’aimer à moitié.
Est-ce qu’en m’aimant je risque de devenir con et hautain ?
L’amour de soi n’est pas l’arrogance, la suffisance. Moi la première, j’ai longtemps cru qu’avoir confiance en soi était synonyme de prétention. Alors je préférais rester bien au chaud, lovée dans mes complexes, parce que ça me paraissait plus louable que de se sentir supérieur. Mais il existe un entre-deux, tout de même, avant de verser dans cet extrême.
A 36 ans, Antonia ne sait pas ce que c’est que de vivre seule, célibataire. Toute sa vie d’adulte, elle l’a passée en couple et avec la pire crevure, la majorité du temps, parce qu’elle préférait être mal accompagnée plutôt que de bien vivre avec elle-même. Aujourd’hui, elle va devoir apprivoiser ses peurs les plus profondes et évidemment celle de la solitude. Finalement, je sais que ma brutalité a porté ses fruits. Antonia se rend bien compte qu’elle est passée à côté d’elle-même et se trouve bien déterminée à changer, prendre le taureau par les cornes. C’est ma victoire.
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C’est brutal… mais merci, merci beaucoup… comme vous l’avez évoqué il faut être rude pour que le message passe correctement. Et croyez-moi vous m’avez secoué à travers cet article. Je vous adore ! Merci !!
Je vous en prie. Votre commentaire me comble. Merci d’avoir entendu l’essence du propos.
Je me reconnais beaucoup le manque d’amour pour soi de ta cliente ! Ce qui fait que j’ai aussi des problèmes de confiance en mes capacités comme je l’expliquais dans mon dernier article. Ce qui est fou, c’est que l’amour qu’on a pour soi influence notre confiance en nous, le respect qu’on a pour nous, et toutes les petites items de l’estime de soi…
Est-ce que justement le fait d’avoir vécu des choses compliquées et de ne pas avoir forcément été soutenue comme elle l’aurait voulu pendant ce temps-là (ou comme elle aurait besoin pour combler sa détresse/dépendance affective) n’explique pas le fait qu’elle se raccroche toujours à l’idée que quelqu’un va prendre soin d’elle ? Dans le fond, elle voudrait qu’on prenne soin d’elle parce qu’elle-même ne réalise pas ce rôle pour elle-même ? Bien que je n’ai pas vécu des choses hyper dures, je suis aussi en situation affective compliquée et j’ai remarqué qu’en fait, je rêve toujours d’avoir un super ami hyper proche, ou un petit ami avec qui j’aurais une relation hyper fusionnelle… au final, ce sont justes les reflets du fait que je ne m’aime pas suffisamment pour subvenir moi-même à mes besoins affectifs. Mais si je ne m’aime pas, qui pourra m’aimer ?
Je nuancerais par contre sur le passé. Certes, c’est passé et on ne peut plus rien faire dessus, mais lui peut faire des choses sur nous. Un traumatisme (viol, abandon, etc.) ou un micro-traumatisme (se rendre compte que la personne en qui on croyait a éventé notre secret alors qu’on est encore enfant, etc.) a longtemps un impact sur nous. Ce n’est pas facile de s’en défaire. Sans s’en servir comme excuse ou pour se complaire dans la tristesse et la mélasse, objectivement, d’un point de vue psychologique conscient et inconscient, le passé a un impact sur nous du présent. Donc on peut avoir besoin d’un psychologue pour examiner et régler tout ça (d’ailleurs, je pars toujours du principe que tout le monde a besoin d’un psy).
Un psy avait reçu un enfant placé en famille d’accueil parce que sa mère entretenait des relations sexuelles avec son propre père (donc le grand-père du gamin). Le gosse a sodomisé l’enfant de la famille qui l’accueillait. L’aurait-il fait sans la situation familiale dans laquelle il se trouvait ? Sans doute pas ! (je n’en sais pas plus, mais peut-être a-t-il assisté par accident à ces relations ou au moins à des baisers sur la bouche, etc. et pendant combien de temps était-il dans cette situation avant d’être placé ?). Bon, je triche, je prends l’exemple d’un enfant, mais vraiment, le passé a un impact sur nous et on ne peut pas balayer les traumatismes comme s’ils n’étaient rien !
Je me suis enfin posée pour lire ton article. Ton rappel sur mon cas est particulièrement juste (mais ça je sais que tu le sais ), et je viens ici témoigner que c’est effectivement indispensable de revoir tous les fondements de nos croyances nous concernant.
J’ai longuement tenté d’être caméléon dans mes relations et l’échec en était toujours l’issue. Je n’avais pas compris qu’en prenant un échec pour ce qu’il est, il s’accumule aux autres en finissant par faire un énorme tas de m***de. Pas très reluisant.
Avoir eu l’opportunité d’en échanger des heures durant avec toi, prendre ces échecs et en tirer des enseignements a été la première pierre du changement me concernant.
Bien qu’il y ait encore du chemin à parcourir, j’évolue aujourd’hui dans une nouvelle relation avec une personne qui – a l’époque – aurait comblé ce besoin viscéral d’être aimée, admirée. Mais aujourd’hui, et bien que je profite de tout ce qui m’étais primordial avant, je ne le vis plus de la même manière.
C’est la. C’est cool. J’ai enfin l’attention et l’intérêt de l’autre que je recherchais tant. Mais je n’en profite pas pour nourrir mon manque de confiance en moi. Il est toujours la, je le garde pour moi et je m’en occupe tant bien que mal avec ce que j’ai MOI et non avec ce que les autres ont.
Je passe donc rapidement pour témoigner sur le sujet.
Ces 3 années difficiles m’ont permis de sortir un peu de ce sable mouvant dans lequel je m’étais engluée jusqu’au cou ces 20 dernières années. Mais le résultat est la.
Je sais que je vais encore faire des erreurs, mais je sais que je suis capable de les surmonter et de les exploiter pour la suite.
Merci à toi 🙂
Bisous <3
Je réponds seulement maintenant, alors que j’ai découvert le commentaire tout de suite après que tu l’as posté. C’est agréable de voir avec quelle philosophie tu grandis. 🙂